Les déportés de Fougères
Du 1er avril au 8 mai 2022, le cinéma Le Club et la Ville de Fougères, ont proposé plusieurs rendez-vous pour honorer la mémoire des victimes juives fougeraises, arrêtées et déportées. L’idée originale était de relier l’histoire de Simone Veil, Marceline Loridan-Ivens et Ginette Kolinka, avec celles de ces familles.
Le Club a présenté une exposition conçue en partenariat avec les Archives municipales, La Shoah, pour ne pas oublier, reprenant l’histoire de chacun des Juifs arrêtés à Fougères entre 1941 et 1943, ainsi que l’histoire générale des déportations dans la France occupée.
Archives municipales ville de Fougères
Les samedis, des lectures à voix haute étaient proposées ayant pour titres : « La déportation des Juifs à Fougères », « Les Filles de Birkenau », « Simone Veil » et « Marceline Loridan-Ivens », avec pour projet de rendre visible l’union de toutes ces histoires de la Shoah.
Des films ont été diffusés : Chichinette, ma vie d’espionne, documentaire de Nicolas Hens, 2015, Monsieur Klein, de Joseph Losey, 1976, Le Dernier témoignage, documentaire de Luke Holland, 2020, Les Lettres persanes, de Vadim Perelman, 2019, Une Jeune fille qui va bien, de Sandrine Kiberlain, 2021.
Le dimanche 24 avril, à l’occasion de la journée nationale d’hommage aux victimes de la Déportation, une cérémonie officielle s’est tenue au monument des Déportés, rappelant les noms des Juifs arrêtés et déportés au camp d’Auschwitz-Birkenau : Isaac et Rachel Toper, Léon, Selma et leurs filles, Gaby (8 ans) et Nelly (6 ans) Levy. Une plaque a été dévoilée, en présence de M. Louis Feuvrier, maire de Fougères, par Mme Nicole Levy-Dalle, parente de la famille Lévy assassinée à Auschwitz.
De g. à d. Cédric Dalle, Nicole Lévy-Dalle, Louis Feuvrier. Photo P. Bachelier
Le 29 avril, un documentaire de Nicolas Ribowski, Je ne t’oublierai jamais, 2012, rassemblant des témoignages de jeunes enfants juifs cachés, suivi d’une conférence, a été projeté aux Ateliers à Fougères par l’association Histoire de Saint-Christophe-des-Bois, à l’origine de ce projet.
Six cents personnes se sont déplacées pour entendre les lectures, pour voir les différents films,
Photo P. Bachelier
écouter la conférence, et visiter l’exposition, ainsi que pour l’inauguration de la plaque et la plantation d’un arbre en mémoire des Juifs. Le film, Simone, le voyage du siècle, d’Oliver Dahan, a été vu par 6 000 personnes au cinéma Le Club de Fougères, proportionnellement le double de la fréquentation nationale, preuve que cet événement était nécessaire et utile.
Le film n’est plus programmé dans les réseaux de salles accueillant le grand public ; néanmoins, il continue d’être diffusé auprès des établissements scolaires de Fougères et des environs.
Sur un panneau de l’exposition présentée au Club, figurait une citation de Jean Guéhenno : « 9 mai 1941. Hier, au nom de la loi française, cinq mille Juifs ont été conduits dans des camps de concentration. Pauvres Juifs venus de Pologne, d’Autriche, de Tchécoslovaquie, gens misérables de petits métiers qui mettaient en grand péril l’État. Cela s’appelle “épurer”. Rue Compans, plusieurs hommes ont été emmenés. Leurs femmes, leurs enfants suppliaient les policiers, criaient, pleuraient… Le petit peuple parisien qui assistait à ces scènes déchirantes était plein de révolte et de honte. »
Jean Guéhenno, Journal des années noires (1947), Gallimard Folio, 2014, p. 156